La source

Pour essayer de comprendre le monde dans lequel nous vivons, il faut revenir à la source. D’où viennent les manifestations que nous observons dans notre univers : l’espace, le temps, la matière, la conscience ? Dans les enseignements spirituels, on dit que tout ça est créé à partir de la vacuité, à partir de rien. Cette source, on l’appelle souvent le Brahman chez les hindous ou le Dharmakāya dans le bouddhisme. Le Brahman, dans l’hindouisme, c’est l’ultime réalité, une essence absolue qui est partout et nulle part à la fois, impossible à enfermer dans des mots ou des concepts. Pareil pour le Dharmakāya dans le bouddhisme mahayana : il incarne la vacuité qui soutient tout ce qui existe, comme une toile vierge où les phénomènes se dessinent. Ces idées nous poussent à nous demander : si tout vient de rien, qu’est-ce que ce « rien » peut bien être ? Peut-être une potentialité infinie qui échappe à notre compréhension. En physique quantique, le vide n’est pas un néant total, mais un truc qui grouille de fluctuations quantiques – des particules virtuelles qui poppent et disparaissent sans arrêt, comme si ce « rien » était un réservoir d’énergie prêt à exploser en quelque chose.

Et ce n’est pas qu’une croyance mystique. En physique théorique, certains modèles du vide quantique montrent que le « rien » n’est jamais vraiment vide. Il y a des champs fondamentaux, partout, invisibles mais bien réels. Prends le champ de Higgs, découvert en 2012 grâce au CERN : c’est lui qui donne leur masse aux particules élémentaires. Sans lui, l’univers serait juste une soupe de lumière sans forme, sans structure, sans matière. Ce champ prouve qu’un truc aussi abstrait qu’un « vide énergétique » peut avoir des effets super concrets. Ça ouvre une porte entre spiritualité et science : peut-être que le « rien » des mystiques, c’est une forme subtile d’énergie ou d’information pure qui attend d’être activée. D’ailleurs, la théorie de l’information dit que l’univers pourrait être fait de bits quantiques, où chaque particule ou interaction est une sorte de code en action.

Le vide quantique

La physique moderne nous donne un parallèle intéressant. Avant le Big Bang, les cosmologistes parlent d’un « vide quantique » – pas un vide total comme on l’imagine, mais un état chaotique plein d’énergie fluctuante. Dans ce vide, des particules peuvent apparaître et disparaître spontanément, un peu comme si le « rien » avait la capacité de produire quelque chose sous certaines conditions. C’est bizarre, mais c’est prouvé expérimentalement avec des trucs comme l’effet Casimir, où deux plaques métalliques rapprochées dans le vide ressentent une force à cause de ces fluctuations. Donc, même pour un cerveau logique, l’idée que quelque chose sorte de rien n’est pas totalement farfelue , c’est juste contre-intuitif.

Autre exemple : les particules virtuelles observées indirectement dans les accélérateurs comme le LHC. Ces particules surgissent de nulle part, interagissent brièvement, puis disparaissent. Cela montre que ce que nous appelons « vide » est en réalité un champ d’opportunités : un terrain fertile d’où l’univers pourrait émerger à chaque instant. Ce « rien » contient donc tout en puissance, un peu comme un rêve contient un monde avant même qu’on en prenne conscience.

La division

C’est comme si le tout et le rien étaient en fait une même chose. Ce concept est troublant, presque absurde à première vue, car il implique que le zéro et l’infini pourraient être deux faces d’une même pièce. Comment créer quelque chose à partir de rien ? Considérons que le monde dans lequel nous vivons repose sur quatre axes infinis : la largeur, la longueur, la hauteur et le temps. On ne peut pas savoir ce qu’il y avait avant le Big Bang ni où se trouvent les limites de l’univers. C’est comme si le temps et l’espace s’étendaient à l’infini, dans le passé comme dans le futur. En maths, la théorie des ensembles joue avec ça : on peut prendre un truc infini et le découper en sous-ensembles, finis ou pas, pour jongler entre l’illimité et le limité.

D’ailleurs, certaines théories suggèrent que le temps n’est pas une dimension physique en soi, mais une perception. Un peu comme les 25 images par seconde d’un film qui, une fois enchaînées, donnent l’illusion du mouvement. La relativité générale nous apprend que le temps s’écoule différemment selon la vitesse à laquelle on se déplace ou la gravité à laquelle on est soumis. Près d’un trou noir, le temps ralentit énormément. Cela montre que le temps n’est pas une constante universelle, mais une variable, un effet secondaire du mouvement et de la matière.

Cette pensée résonne avec des idées qu’on trouve ailleurs. En physique quantique, par exemple, le vide n’est pas vraiment vide : il grouille d’énergie et de particules qui apparaissent et disparaissent sans cesse. Dans le taoïsme, le Tao est à la fois le néant et la totalité, une source qui contient tout sans être rien de précis. Ça nous fait réfléchir : et si l’infini et le néant n’étaient pas des opposés, mais une seule et même réalité vue sous des angles différents ?

Pour créer du fini à partir de l’infini, il faut découper cet espace avec une logique, une sorte de règle du jeu. Imagine que je prends tous les nombres entre moins l’infini et plus l’infini. Si je décide de ne garder que les nombres entiers, ceux sans décimales, je crée un ensemble limité à partir de quelque chose d’illimité. Pourtant, entre 0 et 1, il y a toujours une infinité de nombres réels, et ces deux ensembles – les entiers et les réels – coexistent, l’un étant une version restreinte de l’autre. On voit ça aussi dans le jeu de la vie, où chaque cellule évolue selon l’état de ses voisines, ou dans les jeux vidéo où des mondes théoriquement infinis sont générés par des algorithmes. En science, les fractales illustrent ça parfaitement : des motifs finis et complexes naissent de règles simples appliquées à l’infini. Dans notre cerveau, ce sont les neurones qui tranchent l’espace avec des seuils, comme un oui ou non pour créer une logique binaire. Peut-être que notre univers fonctionne pareil, avec des lois qui taillent un monde fini dans une toile infinie. La théorie des cordes imagine même que nos quatre dimensions sont une projection d’un espace plus vaste, où les lois qu’on connaît viennent de cette géométrie cachée.

L’être supérieur

Dans l’hindouisme, c’est à Shiva qu’on attribue le rôle de créer du fini à partir de l’infini. Appelons-le « être supérieur » pour ne pas le lier à une seule tradition. Il est « sans forme », juste une sorte d’information pure, comme une équation mathématique ou un algorithme. Il a un pied dans l’infini et un dans le fini, un pont entre ces deux mondes.

Cet être supérieur, c’est comme un premier ego qui surgit de rien et qui pose les règles de base de notre univers. Ça me fait penser à notre mental quand on rêve la nuit : il fabrique un monde entier, une réalité qu’on croit vraie, à partir de rien du tout. C’est possible parce que nos neurones sont faits pour découper l’espace, organiser le chaos de nos pensées. L’être supérieur fait pareil, mais à l’échelle de l’univers. Et si la conscience était la clé ? Certaines théories, comme l’idéalisme, disent que tout part de la conscience, que le monde physique n’est qu’un reflet de celle-ci. Même en physique quantique, on parle d’observation qui fige les possibles en une réalité. Peut-être que cet être supérieur est une conscience cosmique qui donne forme à l’infini.

Mais d’où vient-il ? Son origine est un mystère, un peu comme l’histoire de l’œuf et de la poule. Ça nous ramène à la question du temps : à quel moment a-t-il commencé à exister ? Le Big Bang ? Un autre événement ? Où est le début, où est la fin ? L’infini, c’est quelque chose que notre mental ne peut pas vraiment saisir. Ça peut même le rendre fou, parce qu’il a besoin de cadres, de limites. On s’est tous déjà demandé : dans quoi l’univers est-il contenu ? Qu’y avait-il avant le Big Bang ? Ces questions montrent à quel point l’infini nous échappe.

L’instant présent

Les enseignements spirituels nous disent que l’univers qu’on voit n’est qu’un potentiel, et qu’il n’existe qu’un éternel moment présent. C’est comme les images d’un film : on peut afficher ce qu’on veut à chaque instant, et c’est leur enchaînement qui fait le film. Ça ressemble à la physique quantique, où tout n’est qu’un potentiel jusqu’à ce qu’on l’observe – pense aux fentes de Young. Si on prend la plus petite distance possible entre deux instants, comme la constante de Planck, et qu’on limite tout par la vitesse de la lumière, on pourrait dire que notre univers est une sorte de « simulation » qui tourne à 10^31 THz . Certains, comme Nick Bostrom, se demandent même si on vit dans une simulation créée par une civilisation avancée.

C’est l’être supérieur qui gère le passage d’un état à l’autre, avec des règles logiques dans son esprit. C’est ça qui rend notre univers cohérent, logique, causal. Cette idée que tout se joue dans le présent, c’est fascinant. La relativité montre que le temps dépend de celui qui regarde, et la quantique dit que la réalité n’existe que quand on l’observe. Peut-être que le passé et le futur, c’est juste des histoires qu’on se raconte, comme dans un rêve. Ce serait intéressant de savoir comment une personne atteinte d’Alzheimer perçoit la réalité, avec leur temps et leur mémoire tout chamboulés – ça pourrait nous en dire long sur le présent et la conscience.

Je crois que des êtres éveillés, comme Jésus, ont pu communiquer avec cet être supérieur pour modifier un peu ces règles, comme dans un rêve éveillé. Ça expliquerait les miracles : des guérisons, l’apparition des pains et des poissons. Si la conscience peut influencer la réalité, ces êtres auraient trouvé un moyen de toucher la trame de l’univers. Ça fait réfléchir à ce qu’on pourrait faire nous aussi, si on captait mieux ce lien. D’ailleurs, Jésus lui-même disait qu’on fera ce qu’il a fait, et même des trucs bien plus grands (Jean 14). Je pense que dans l’Église catholique, « le Père » représente cet être supérieur.

Conclusion

Je vais m’arrêter là pour ce premier article, qui dégrossit vite fait le cheminement de la source à ce qu’on est, et pose des bases pour la suite. On a exploré des idées énormes : l’origine de tout, l’infini qui devient fini, le rôle de la conscience. Ça mélange spiritualité, science, philosophie, et ça nous pousse à voir le monde autrement. En vrai, pour chercher la vérité ultime, il faut croiser tout ça – les frontières entre ces domaines s’effacent pour nous donner une vision plus claire et plus profonde de ce qui est.